Réhabiliter les friches : opportunités et méthodologie

Les friches industrielles sont des espaces en déshérence, abandonnés à la suite de l’arrêt des activités qui s’y exerçaient. Elles font partie intégrante du paysage urbain et périurbain. Comprendre ces friches et leurs enjeux environnementaux est un préalable indispensable à toute démarche de réhabilitation.

Le cycle de vie des friches industrielles

Les friches s’inscrivent dans un cycle de renouvellement plus ou moins long, pouvant aller de quelques mois à plusieurs décennies. Ce cycle comprend plusieurs étapes :

• Le repérage initial : identification des sites potentiellement en friche ;
• La contextualisation : analyse de l’environnement et des caractéristiques du site ;
• La sélection d’un portage : choix d’un acteur pour piloter la requalification ;
• La phase opérationnelle : travaux de dépollution et de réaménagement ;

Ce processus nécessite une observation fine à l’échelle locale, en complément des bases de données nationales qui permettent un premier niveau de recensement.

Les enjeux environnementaux des friches

Les friches industrielles présentent souvent des problématiques de pollution des sols, héritées des activités passées. Les polluants rencontrés sont variés :

• Métaux lourds : plomb, chrome, cuivre, arsenic…
• Hydrocarbures : fuel, huiles, solvants…
• Polluants organiques : PCB, HAP, dioxines…

Ces pollutions ont des conséquences directes sur l’environnement et la santé humaine. Elles représentent également un coût important en termes de dépollution, pouvant freiner les projets de réhabilitation.

L’exemple des Hauts-de-France

La région Hauts-de-France est particulièrement concernée par les friches industrielles, avec un lourd passé minier et sidérurgique. Selon l’inventaire de Cartofriches, environ 700 sites sont recensés dans la région, représentant 16 000 hectares de friches industrielles et urbaines, ce qui équivaut à 23 000 terrains de football. Parmi ces sites, certains présentent des pollutions complexes nécessitant des travaux de dépollution conséquents, comme les cokeries, les aciéries ou les usines chimiques.

Les bénéfices de la réhabilitation pour les collectivités

La réhabilitation des friches industrielles apporte de nombreux bénéfices pour les collectivités territoriales. Au-delà de la revitalisation des territoires, elle permet de créer de nouveaux espaces économiques et résidentiels tout en préservant le patrimoine industriel.

Revitalisation des territoires et création de nouveaux espaces

La reconversion des friches industrielles contribue activement à la revitalisation des territoires en difficulté. En transformant ces sites abandonnés en nouveaux quartiers attractifs, les collectivités (re)dynamisent l’économie locale et améliorent la qualité de vie des habitants. La création de zones d’activités, de logements ou d’équipements publics sur d’anciennes friches apporte un nouveau souffle aux communes concernées. Par exemple, dans les Hauts-de-France à Roubaix, l’ancienne usine Motte-Bossut héberge à présent les Archives nationales du monde du travail.

Préservation du patrimoine industriel et culturel

De plus, la réhabilitation des friches industrielles présente un intérêt patrimonial et culturel majeur. De nombreux sites témoignent de l’histoire industrielle des territoires et méritent d’être préservés et valorisés. Leur reconversion permet de conserver cette mémoire tout en leur donnant une nouvelle vie. Le site minier du 11/19 à Loos-en-Gohelle est un parfait exemple de cette dimension patrimoniale. Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, cet ancien carreau de fosse a été transformé en un lieu de mémoire, de culture et d’innovation, avec notamment la Scène Nationale Culture Commune.

Bénéfices environnementaux et lutte contre l’étalement urbain

La réhabilitation des friches s’inscrit pleinement dans une démarche de développement durable. En reconstituant la ville sur elle-même, elle permet de limiter l’étalement urbain et la consommation de nouveaux espaces naturels ou agricoles. Ainsi, la dépollution des sols engagée lors des opérations de reconversion améliore la qualité environnementale des sites.

Retombées économiques et financements disponibles

Si le coût initial des opérations peut paraître élevé, la réhabilitation des friches génère d’importantes retombées économiques à long terme. La création d’emplois, l’augmentation des recettes fiscales et l’amélioration de l’attractivité des territoires sont autant de bénéfices durables pour les collectivités.

Méthodologie de réhabilitation étapes et bonnes pratiques

En suivant les bonnes pratiques et en s’appuyant sur l’expertise des acteurs locaux et nationaux, il est possible de mener à bien ces projets complexes de réhabilitation et de redonner vie à ces espaces délaissés.

Les étapes d’une réhabilitation réussie

Ainsi, tout projet de réhabilitation de friche industrielle doit débuter par un pré-diagnostic approfondi du site. Cette étape permet d’évaluer l’état du terrain, d’identifier les sources de pollution éventuelles et de définir les contraintes techniques et réglementaires. L’inventaire précis des bâtiments, équipements et infrastructures présents est également indispensable.

Une fois le diagnostic établi, la phase de dépollution peut démarrer. Plusieurs techniques existent selon la nature des polluants et les caractéristiques du site :

• La bioremédiation : utilisation de micro-organismes pour dégrader les polluants organiques
• La phytoextraction : des plantes accumulatrices extraient les métaux lourds du sol
• L’excavation : retrait des terres polluées pour traitement hors site ou confinement

Le choix de la méthode dépend de critères techniques, économiques et environnementaux.

Une fois le site dépollué, l’aménagement final peut être réalisé en fonction du projet de reconversion : espaces verts, bâtiments tertiaires, logements, etc. L’objectif est de redonner un usage pérenne et adapté au site.

Tout ce qu’il faut savoir sur la réhabilitation des friches industrielles

La réhabilitation des friches industrielles est un processus complexe mais nécessaire pour le développement durable des territoires. En suivant une méthodologie rigoureuse, de l’inventaire à la dépollution en passant par l’aménagement, les collectivités peuvent transformer ces sites abandonnés en de nouveaux espaces de vie et d’activité.